Un peu d'histoire

Publié le par lap1.blanc

Depuis un moment, beaucoup d'entre vous (du moins ceux qui ont eu le malheur de pouvoir discuter avec moi) m'entendent dire que la France se trouve dans un schéma prérévolutionnaire. Suivant comment la discussion est amenée,  j'appuie plus ou moins sur certains arguments, ce qui fait que la situation n'apparaît pas évidente.

Soyons clairs, il ne s'agit pas ici de brusquer les choses, mais bien d'une analyse froide des conditions et évènements de notre République.

Prenons comme modèle de révolution, celle de 1789, en France.

Et tuons dans l'oeuf une idée reçue, rappelons rapidement l'Histoire. Cette révolution n'a pas été initiée par le peuple mais par la bourgeoisie, et elle ne tendait pas à "libérer le peuple" mais à conserver des privilèges, ceux des Nobles (libéraux) et des Bourgeois. Cette idée, on la doit aux Lumières.

A l'époque, c'est à dire dans les années 1780, tout va mal. La Noblesse, évincée par Louis XIV, ne rêve que de revenir au pouvoir. Il faut savoir que ceux-ci ne pouvaient pas cumuler trop d'activités commerciales sous peine de perdre leur noblesse. La principale activité des nobles est donc l'exercice  de la rente de la terre. Cette dernière stagne depuis déjà des dizaines d'années, alors que les frais des Nobles augmentent  (augmentation du prix des costumes, des véhicules, etc.). Oui, vous l'avez deviné, leur pouvoir d'achat est en baisse constante. Pour pouvoir survivre, la noblesse se replie sur ses anciens privilèges, désuets mais toujours en vigueur. Ainsi demande-t-elle le paiement de certaines taxes féodales, l'exploitation des terrains laissés aux paysans, etc.

Notons au passage, que cette crispation sur les anciens privilèges ne plaît pas du tout aux paysans qui réclament, de plus en plus fort, l'abolition pure et simple de ces droits féodaux.

Devant autant de contestations, Louis XV, puis Louis XVI tentent certaines réformes. Malheureusement, le pouvoir royal résident principalement sur l'autorité fait que ceux-ci auront très peu d'emprise sur les privilégiés pour pouvoir les imposer. On peut distinguer deux grandes réformes, dont les échecs mettront le système de Monarchie absolue de droit divin à genoux.

Tout d'abord, la réforme judiciaire, lancée à la fin du règne de Louis XV puis abandonnée par Louis XVI devant le blocage des parlements (les cours de justice de l'époque).

Ensuite, une réforme fiscale, visant à imposer les nobles. On l'a vu , les nobles ne peuvent déjà pas subvenir à leurs "besoins" (oui, les costumes étaient un besoin), alors payer des impôts en plus. Mais au juste, pourquoi plus d'impôts? Tout simplement parce que la Couronne est gravement déficitaire. Par exemple, les fameux "frais de représentation" pompent plus de 7% des revenus de la Couronne. Un scandale à l'époque.

Cela n'empêche pas le peuple de penser que le Roi est le Père des Français et que, si il est nécessaire de réformer, absolument personne, ou presque, ne pense que cela va se  faire violemment, dans le sang, avec un renversement de la Monarchie.

En plus de tout ça, la France s'engage dans une guerre aux côtés des américains en 1776, la guerre d'indépendance. Le coût de cette guerre (don de matériel, etc.) revient à plus d'un milliard de livres. Je n'ai pas dit combien l'Etat percevait de revenus? 503 millions.

Une autre réforme, dont on entend bien moins souvent parler, est celle qui visait à réduire l'extravagance de la Cour. Celle-ci échouera aussi.

La Monarchie s'embourbe et est prise à la gorge, financièrement tout d'abord, et politiquement ensuite, par la pression des Nobles et des Bourgeois.

La suite, vous la connaissez.  Convocation des Etats généraux, Assemblée Constituante, Prise de la Bastille, Louis XVI perdant la tête.

Maintenant que cette piqûre de rappel vous a été administrée, comparez ce récit avec la situation actuelle.

C'est bon? Vous voyez ce que j'entends par "situation prérévolutionnaire"?

L'Histoire n'est-elle pas qu'un perpétuel recommencement?

Publié dans Politique

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